19/01/2015
Crise

Centrafrique : Deux enfants sur cinq privés d'une aide indispensable

Un
an après la plongée de la République centrafricaine dans une crise
d'une extrême violence, deux enfants du pays sur cinq qui ont un besoin
urgent du soutien de l'UNICEF sont privés d'une aide humanitaire
indispensable, affirme l'organisation.

À cause du manque critique de
financement et des conditions d'insécurité générale –  barrages sur les
routes, actes de pillage et attaques contre les agents humanitaires –
les enfants que l'UNICEF comptait aider cette année se retrouvent sans
accès aux services essentiels, pour la santé, l'eau, l'éducation et la
protection, a dit l'organisation. "Les enfants de la République
centrafricaine ne font plus les gros titres de l'actualité mais plus de
2,5 millions d'entre eux continuent de vivre dans une peur constante
", a déclaré Manuel Fontaine, directeur régional de l'UNICEF pour l'Afrique de l'Ouest et centrale. "Leur
accès aux services essentiels est très limité et ils dépendent
entièrement de l'aide humanitaire. À l'occasion du nouvel an, nous
devons saisir la chance d'offrir à ces enfants un avenir meilleur."

Comme
moins de la moitié du financement d'urgence nécessaire a été obtenue
cette année, et que la violence a entravé l'accès des agents
humanitaires, l'UNICEF a eu du mal à fournir l'aide cruciale dont les
communautés avaient besoin. 620 000 personnes n'ont pu recevoir ni des
soins de santé de base ni des médicaments ; 250 000 personnes n'ont pu
accéder à des sources améliorées d'eau ; 33 000 enfants n'ont pu être
vaccinés contre la rougeole ; 5 000 enfants de moins de cinq ans
souffrant de malnutrition grave n'ont pu être soignés.

Au plus fort
de la crise, les combats et les affrontements généralisés ont obligé
près d'un demi-million d'enfants à fuir leurs foyers. Le conflit a
déchiré des communautés partout dans le pays, entraînant l'effondrement
des services de base dans son sillage destructeur. Selon l'UNICEF, au
moins un enfant a été tué ou mutilé chaque jour en moyenne cette année
dans la République centrafricaine. Jusqu'à 10 000 enfants ont été
recrutés par des groupes armés. "Confrontés à l'horreur des viols et
des meurtres, de nombreux enseignants, vaccinateurs, travailleurs
sociaux, médecins prennent chaque jour des risques pour les enfants
, a rappelé Manuel Fontaine. Faute
d'être soutenus, leur travail indispensable sera gravement compromis et
nous risquons de perdre la plupart des gains obtenus cette année."

De concert avec les autorités et partenaires locaux, l'UNICEF a en effet
réussi à donner à des milliers de familles dans le besoin accès à des
services d'importance cruciale. Près de 1,4 million de personnes ont
reçu des médicaments ; plus d'un million d'enfants ont été vaccinés
contre la polio ; environ 550 000 moustiquaires ont été distribuées pour
protéger les familles du paludisme et plus de 22 300 enfants souffrant
de malnutrition sévère ont reçu un traitement thérapeutique.

En même
temps, la crise se propage à travers les frontières. Au cours des douze
derniers mois, la violence a obligé 188 000 nouveaux réfugiés à fuir
vers les pays voisins, le Cameroun, le Tchad, la République démocratique
du Congo et le Congo. Plus de 80 % des personnes franchissant les
frontières pour fuir les violences sont des enfants et des femmes. En
outre, environ 430 000 personnes qui ont fui leurs foyers restent
déplacées à l'intérieur de la République centrafricaine elle- même. Plus
de 16 000 personnes de populations minoritaires restent assiégées dans
des enclaves qu'encerclent des groupes armés.

L'UNICEF lance un appel
de 72 millions de dollars US pour 2015 afin de pouvoir mener à bien ses
programmes d'urgence en République centrafricaine. Ces programmes
visent à reconstruire les services sociaux, protéger les civils, inciter
les communautés à favoriser la réconciliation et promouvoir la paix.

UNICEF